dimanche 7 avril 2024

La BD, finalement un art pour tous !

La bande dessinée est du nombre des disciplines artistiques les plus négligées. Heureusement, sa station à cheval entre l'art graphique, et la litérature, lui promet encore quelques beaux jours.Sa misère surtout sur le sol Africain peut s'expliquer au moyen d'un certain nombre de facteurs que sont:

- La difficulté de sa réalisation

En dépit de son aspect souvent assez simpliste en tant que produit fini, un album de BD est en soi l'aboutissement d'un véritable chantier, qui court sur trois grandes phases inéluctables. Il faut en effet compter une assez longue et rude période préparatoire incluant le calage du scénario, la création des personnages et un storyboard (entre autres) de manière basique. C'est seulement après coup que l'on entre dans la phase de réalisation qui elle comprend notamment ; le crayonné, l'encrage le coloriage et le lettrage. Tout cela réuni permet d'attaquer la phase de post production, oeuvre de l'éditeur. Eh oui, disons que c'est du cinéma sur papier ! Il faut en effet tout cela, et même plus pour en arriver à l'oeuvre. On peut adjoindre à ce facteur, celui du challenge du contenu.

- La pauvrété du récit

 Il faut avoir le courage de le dire, l'une des grandes difficultés de cet art et de tant d'autres sous certains cieux réside dans le fait assez simple que l'on ait pas grand chose à dire (ce qui ne n'implique aucunement une absence de sujets ni de narrateurs). D'aucuns se plairaient plutôt à évoquer là; des difficultés d'un tout autre ordre, finances, marchés...Malheureusement, il s'agit bien plus souvent d'excuses que d'explications. Car le modèle du marché ou des finances qui créerait le produit n'est en fait qu'une abbération. Il est d'ailleurs assez courant de constater que les rares produits présents souffrent assez souvent de cette espèce marasme narratif. Des oeuvres superficielles qui semblent ne se donner que le défi d'exister, avec des acteurs qui font comme, et pour... Enfin un autre facteur conséquent à celui-ci peut completer cette courte liste en tant que:

- Le manque de professionalisme

Sur ce sujet, entendons non pas une absence de compétences, mais plutôt leurs méconnaissances ou leurs usurpations. C'est le cas typique du sacrifice de la qualité sur l'égoiste autel de la personnalité, auquel se joint une notoire absence de flair. Le domaine est ainsi auto-saboté par ses propres acteurs ou par les opprtunistes qui s'en accaparent. Le malheureux résultat, pour cet art comme pour bien d'autres, c'est un secteur qui produit sans créativité, tombant dans le piège de devoir subsiter sous une perfusion financière tournée en objectif de cette même productivité. Une véritble marche à reculons, dont il faut rétablir le sens.

Un modèle comme piste

Lorsque l'occasion nous a été donnée d'expérimenter une approche de réalisation de cet art, nous avons éssayé de contourner ces obstacles. Il était question de coacher des enfants pour qu'ils racontent au moyen de la bande dessinée leurs propres vécus.

En nous rappellant qu'il s'agit avant tout d'un art d'expression ( d'émotions de vécus) au moyen de graphiques, nous nous sommes proposés non pas de nous substituer à ces auteurs en herbes, mais plutôt de les accompagner dans des réalisations qui auraient le grand avantage de l'authenticité (personne dans notre public ne disposant de modèle qu'il pourrait inconsciemment copier) . 

Planche_1

Pendant donc une dizaine de jours, nous avons rappellé quelques rudiments de dessins (tache généralement adorée par tous les enfants), à notre classe d'une trentaine de personnes, avant de proposer à chacun des participants de se servir de ce qu'il sait désormais pour nous raconter en trois phases, ce qu'il faisait avant, ce qu'il fait maintenant, et ce qu'il aimerait faire plus tard ( le scénario en fait).

Planche_2

Rappelons pendant que vous découvrez le résultat à travers ces quelques panches, que la dite classe avait été formée de manière aléatoire sur un site aménagé dans la ville de Kaya pour accueillir les personnes déplacées internes, sinistrées par la crise sécuritaire sui gangrène le sahel.

La leçon pour nous que nous voulons partager dans cet article est que l'art se doit être (d'abord) authentique, d'être (ensuite) bien mené, pour (enfin) se proposer au public qui s'y reconnaitrait. Or il semble que la conduite actuelle se fasse dans le sens inverse.

En nous efforçant de ne guerre oublier ce que sont vraiment les choses, nous pourront le mieux éviter de nous laisser pieger dans la pratique de quelques apparences.